Archéomed


La revue Archéologie médiévale a entrepris plusieurs projets destinés à promouvoir l’archéologie médiévale française.

Porteur scientifiques :

  • Craham

Direction scientifique :

  • Micaël Allainguillaume
  • Luc Bourgeois

Liste des membres du projet :

  • Micaël Allainguillaume
  • Luc Bourgeois
  • Marie-Adèle Turkovics

Partenaires :

  • CNRS
  • Ministère de la Culture
  • Métopes
  • Pôle document numérique de la MRSH
  • Pactols
  • CNRS Éditions

L’archéologie française dispose d’une cinquantaine de revues et de presque autant de collections pour publier le fruit de ses recherches. La multiplicité de ces supports engendre naturellement une hétérogénéité des pratiques éditoriales. L’édition numérique, le développement d’outils adaptés (MétopesPactols, etc.) et la mise en place d’infrastructures nationales d’édition, de diffusion et d’exposition des données de la recherche offrent un environnement favorable à la promotion de pratiques dont l’objectif est d’accroître la visibilité, le partage et la réutilisation des résultats de la discipline. Dans ce contexte de science ouverte et de développement technologique efficient, cinq revues d’archéologie souhaitent harmoniser leurs pratiques en édition numérique en adoptant une grammaire et un corpus de mots-clés communs et en expérimentant de nouveaux modèles interopérables de structuration et d’indexation de leurs contenus. La revue Archéologie médiévale a entrepris plusieurs projets destinés à promouvoir l’archéologie médiévale française. Le projet principal ambitionne d’indexer 50 ans de résultats de l’archéologie médiévale à partir du thésaurus Pactols et de les diffuser dans un format ouvert et interopérable. Tout comme l’ensemble de la revue, ce travail est entièrement préparé au Craham (UMR 6273, CNRS / Université de Caen Normandie) avec le soutien technique de l’infrastructure Métopes, du GDR Frantiq (Pactols) et OpenÉdition.

La revue Archéologie médiévale

La revue Archéologie médiévale fut créée, en 1971, au sein du centre Michel de Boüard – Craham, à l’image de la revue anglaise Medieval Archaeology fondée 14 ans plus tôt dans un contexte d’émergence de l’archéologie médiévale. D’autres revues qui naissent dans les années suivantes (Archeologia medievale, Zeitschrift für Archäologie des Mittelalters) sont construites sur le même modèle et ont le même objectif : constituer, pour chaque pays, la référence en matière d’archéologie médiévale aux yeux de la communauté scientifique nationale et internationale. Toutes ces revues comportent une partie consacrée à l’actualité de l’archéologie : dans Archéologie médiévale, il s’agit de la « Chronique des fouilles médiévales en France ».

Reconnaissant les qualités de cette publication, le CNRS a fait entrer la revue, en 1982, dans le cercle étroit des revues publiées par les Éditions du CNRS, devenues aujourd’hui CNRS Éditions. Également soutenue par le ministère de la Culture (SDA) cette revue est la seule revue internationale d’archéologie médiévale en France.

Outre un comité éditorial international qui choisit les rapporteurs des articles soumis, la revue est entièrement préparée au Craham.

Elle bénéficie par ailleurs d’une diffusion numérique en libre accès combinée sur OpenEdition Journals (ex revues.org) et sur Persée.

La revue compte aujourd’hui 49 volumes (volume 50 en préparation) composés de plusieurs parties :

– une série d’articles de fond sur l’archéologie médiévale et moderne en France et à l’internationale,

– une « Chronique des fouilles » qui dresse le panorama de la recherche archéologique médiévale et moderne en France et dans les territoires d’outre-mer en récapitulant l’ensemble des opérations archéologiques qui se sont déroulées dans le courant de l’année qui précédant la publication du numéro.

Chaque volume, depuis 1995, comprend de 350 à 400 pages dont 200 pages environ sont consacrées aux articles et autant à la « Chronique des fouilles ».

Un bulletin critique composé de comptes rendus de lecture et d’une liste d’ouvrages reçus complète chaque livraison.

La partie « Chronique des fouilles » nécessite un dispositif de travail singulier. Elle est particulièrement délicate à organiser et fort chronophage. Chaque année en janvier, une demande est faite aux différents Services régionaux de l’archéologie afin d’obtenir la liste des coordonnées des responsables d’opérations médiévales et modernes de l’année précédente. Un mailing est ensuite organisé afin d’obtenir de la part des responsables d’opération une notice archéologique. Pour ce faire, nous avons mis en place, sur le site internet de la revue, un formulaire facilitant la saisie. Ce formulaire nous permet également d’esquisser une structuration de la notice et de nous assurer que les futures métadonnées seront bien renseignées

En 2019, le comité éditorial de la revue Archéologie médiévale, sur proposition de la rédaction, a décidé de mettre en place des dossiers thématiques publiés au fil de l’eau sur OpenEdition Journals. Ces dossiers viendront enrichir l’offre globale de la revue en permettant la publication d’articles sur un sujet en particulier, mais aussi d’articles issus de tables rondes ou de colloques. Le premier dossier ouvert porte sur les « Toitures et matériaux de couverture au Moyen Âge » dont les textes (une trentaine de soumissions) sont issus de deux tables rondes. Un second dossier est d’ores et déjà à l’étude. Les normes de sélection appliquées sont identiques à celles de la revue. Il est prévu, avec CNRS Éditions, une édition papier de chaque dossier après parution du dernier article en ligne.

Projet d’harmonisation des politiques d’édition numérique en archéologie métropolitaine

C’est dans un contexte national favorable (développement de l’open science, émergence d’outils dédiés, etc.) que, parmi la cinquantaine de revues françaises consacrées à l’archéologie, cinq ont souhaité, dès 2017, se regrouper pour organiser en commun la modernisation de leur chaîne de production éditoriale et le choix d’outils orientés web. L’association repose sur la volonté des éditeurs et des spécialistes de l’information d’utiliser opportunément les outils spécialisés à leur disposition. La décision commune a été favorisée par plusieurs éléments :

– l’implication des éditeurs dans le réseau Médici, observatoire de l’évolution des métiers de l’édition scientifique publique et lieu de veille sur de nouvelles formes numériques d’édition ;

– la présence de certaines de ces revues au sein de Maisons des sciences de l’homme (MSH) ou d’UMR : les titres de Gallia – Archéologie des Gaules et Gallia Préhistoire à la Maison Archéologie Ethnologie (MAE) à Nanterre, Archéologie médiévale au Centre Michel de Boüard, Centre de recherches archéologiques et historiques anciennes et médiévales (Craham), Préhistoires méditerranéennes ainsi que d’autres titres hébergés par la Maison méditerranéenne des sciences de l’homme (MMSH) à Aix-en-Provence ;

– la mise en place de la chaîne de production éditoriale Métopes (Méthodes et outils pour l’édition structurée ; voir infra), portée par le pôle Document numérique de la Maison de la Recherche en Sciences Humaines (MRSH) de Caen ;

– la mise à disposition du thésaurus Pactols de Frantiq, Fédération et ressources sur l’Antiquité (Groupement de services du CNRS), initialement conçu pour les bibliothèques, à tous les acteurs de l’archéologie ;

– la prise en compte de ce thésaurus pour l’archéologie par les acteurs nationaux de l’édition scientifique : Métopes et OpenEdition.

D’audience nationale et internationale, les revues impliquées dans ce projet représentent un échantillon exemplaire, par l’espace géographique couvert et les domaines de spécialité traités, de la variété des modèles éditoriaux et de diffusion en place. Elles ont toutes une histoire longue (depuis les années 1940 et 1950 pour Gallia – Archéologie des Gaules et Gallia Préhistoire) et ont connu des évolutions non linéaires, liées à la fois à des conjonctures économiques défavorables à la stabilité des équipes, à l’internationalisation de la publication scientifique – qui implique des contenus multilingues – et à la difficulté d’aborder le tournant du numérique. Elles bénéficient du soutien du ministère de la Culture et de l’Institut SHS du CNRS

Certaines revues ont opté pour une diffusion combinée sur Persée et sur OpenEdition Journals (Archéologie médiévale, Gallia – Archéologie des Gaules, Gallia Préhistoire) ou uniquement sur OpenEdition Journals (AdlFI et Préhistoires méditerranéennes). Si toutes ont choisi le libre accès, trois sont cependant allées plus loin en adoptant l’économie mixte des bouquets Freemium (Archéologie médiévale, Gallia Préhistoire, Gallia – Archéologie des Gaules). Cette offre proposée exclusivement aux institutions (bibliothèques, campus, centres de recherche) vise à construire un modèle économique innovant et durable. En dehors de la quote-part revenant aux revues, la totalité des revenus engendrés par ce programme est réinvestie dans le développement de l’édition électronique scientifique en libre accès. OpenEdition diffuse la revue en libre accès, complétée par des services et formats premium mis à disposition exclusivement des institutions et de leurs usagers. Les textes sont donc accessibles en libre accès au format HTML pour tout internaute, et ils sont téléchargeables aux formats PDF et ePub uniquement pour les utilisateurs des institutions partenaires.

La gestion des flux éditoriaux reste conforme à la tradition académique : réception de l’article par l’éditeur ou l’éditrice, évaluation par les pairs effectuée en aveugle par deux ou trois experts, suivi utilisant tableurs ou outils d’aide à la gestion de projets de type Trello. La chaîne Métopes est désormais utilisée par les cinq revues partenaires.

Ces cinq revues ambitionnent de regrouper leurs compétences, de travailler en réseau, d’adopter des outils communs pour favoriser leur interopérabilité et d’explorer des formes éditoriales nouvelles. La mise en commun de compétences disciplinaires, d’outils et de méthodes est susceptible de favoriser l’adoption et la diffusion de bonnes pratiques éditoriales, tout en rendant plus efficients les échanges avec les auteurs, d’une part, et avec les plateformes de diffusion et les éditeurs commerciaux d’autre part. En outre, elle permet de nourrir un échange réciproque, de mobiliser tous ceux qui disposent d’une part d’information, d’imagination ou de savoir-faire pour atteindre des objectifs qui nécessitent une importante capacité de changement.

Cette harmonisation est en mesure de favoriser, à plus long terme, l’évolution des formes éditoriales de ces revues. Le développement de modèles numériques de structuration des textes et de « sémantisation » des données permet d’envisager d’autres objets éditoriaux, enrichis en métadonnées, par exemple les modèles de notices archéologiques spécifiques à AdlFI et à Archéologie médiévale sur lesquelles nous reviendrons plus loin dans ce dossier.

Par ailleurs, il est nécessaire de penser dès à présent à l’intégration des articles de données (ce qui est nouveau dans notre discipline). Ce data paper est une publication qui décrit un jeu de données scientifiques brutes, notamment à l’aide d’informations précises, appelées métadonnées. Les données décrites doivent être accessibles, soit sous forme de fichiers annexés, soit plus généralement par un lien pérenne (DOI, ARK, etc.) vers un « entrepôt de données » en ligne. Aujourd’hui absents du périmètre éditorial de nos revues, ils permettraient d’offrir une passerelle vers des sources essentielles à la lecture avancée des publications en archéologie. La discipline, en effet, produit une masse d’informations que leurs formats et leurs dimensions rendent rarement accessibles, difficilement consultables sur le papier (soumis aux droits des éditeurs pour leur exploitation) et parfois contraintes par les paramètres d’affichage des plateformes en ligne.

Le numérique offre par ailleurs des facilités de recherche documentaire que les revues souhaitent valoriser. Les index de chaque revue, établis à partir des mots-clés fournis par les auteurs, sont de fait disparates, à la fois dans leur présentation (le nombre de niveaux d’index varie d’un titre à l’autre) et dans leur valeur lexicale. De plus, les mots-clés donnés par les auteurs sont parfois insuffisants, soit trop précis, soit trop vagues, voire inadéquats pour caractériser objectivement le contenu de l’article. Chaque auteur ayant son propre jeu de mots-clés, il est fréquent de retrouver au niveau de l’index général de la revue des termes similaires sinon synonymes, avec comme corollaire, une consultation peu fiable et malaisée. Il a donc été décidé de s’appuyer sur un vocabulaire unique, contrôlé, qui s’avère indispensable à une recherche efficace, surtout dans la perspective d’une interrogation multi-revues à long terme. L’éditeur doit désormais veiller à la cohérence des métadonnées thématiques qu’il attribue aux contenus pour l’homogénéité de l’index de sa revue, mais aussi pour celle d’un index élargi aux autres revues.

En poursuivant cette mutation documentaire, les revues réfléchissent à l’établissement d’une bibliographie numérisée, pensée comme un service adossé à chaque revue. D’abord établies à partir de la compilation des bibliographies des articles de chacun des titres, puis, à terme, fusionnées en un seul réservoir, les références constituent de fait une plus-value éditoriale pour peu qu’elles soient organisées, normalisées et mises à disposition d’une communauté avide de produits bibliographiques. Cette gestion bibliographique des revues est envisagée de façon partagée avec le logiciel de gestion de références Zotero (logiciel libre créé et maintenu par la George Mason University, USA). La structuration des références bibliographiques stylées dans Métopes facilitera la création d’un fichier de type RIS importable dans Zotero. Parallèlement, la bibliothèque partagée sur Zotero constituera un réservoir de notices déjà structurées, exploitable par les auteurs pour la constitution de leur bibliographie et par les éditeurs pour la normalisation et l’enrichissement du réservoir.

MétaPHoRA, Métadonnées Plurilingues et Homogènes pour un collectif de quelques Revues françaises en Archéologie

Début 2019, les mêmes revues d’archéologie (ADLFI n’est pas concernée) ont répondu à un appel à projets innovants du ministère de l’Éducation nationale, de la recherche et de l’innovation dans le domaine de la traduction destiné aux revues scientifiques françaises.

L’objet et l’originalité de cette demande portent sur la volonté commune de quatre revues d’archéologie d’accroître leur visibilité internationale en mettant l’accent sur :

  • la traduction systématique de leurs métadonnées ;
  • la généralisation du principe du résumé long ou synthèse des articles pour en accroître visibilité et notoriété à l’international traduit en plusieurs langues (pour Archéologie médiévale, français, anglais et allemand) ;
  • la valorisation des données associées aux articles scientifiques par la production spécifique de data papers rédigés en langue française ou anglaise ;
  • la production de formats éditoriaux spécifiques tels que les notices archéologiques
  • la question du lectorat que ces revues cherchent non seulement à consolider, mais à capter sans avoir recours à des modalités de publication verrouillées par de grands groupes d’édition commerciaux.

Soutenues dans cette démarche par leurs équipes éditoriales et leurs structures de rattachement, ces quatre revues s’appuient pour cela sur une collaboration originale avec :

  • le GDS Frantiq, porteur du développement du thésaurus Pactols ;
  • les infrastructures de recherche nationale Métopes et OpenEdition ;
  • le Lampéa (UMR 7269), la MMSH d’Aix-en-Provence et la Fondation A*MIDEX – Aix-Marseille Université, porteurs du développement de la plateforme ArcaDIIS, hub éditorial venant en appui aux revues, et qui favorise la structuration et la qualification des jeux de données tout en systématisant la production d’articles de données (data paper).

Cette harmonisation repose sur le choix raisonné des outils libres, interconnectés et respectueux des standards du web, que nous présentons dans ce dossier.

L’objectif de la demande vise à conforter le développement des critères relatifs à la traduction, soit :

  1. Le développement et la consolidation des web services d’Opentheso pour améliorer la gestion du multilinguisme : les métadonnées des concepts Pactols récupérées par Métopes (intitulés, relations hiérarchiques, formes rejetées, traductions, identifiant pérenne ARK) sont partiellement exploitées par Lodel qui fige la structure hiérarchique des index selon les règles de l’édition, mais permet une interrogation multilingue et un affichage des index en français et/ou en anglais.
  2. Le bilinguisme des mots-clés est ici résolu par l’adoption du thésaurus Pactols pour l’archéologie. En effet, la traduction y est systématique pour tous les concepts (15 000 concepts, hors noms de lieux et toponymes). Cette traduction est automatiquement héritée de Pactols via Métopes dans les index OpenEdition. Cependant, elle devra être complétée, pour la partie rétrospective de chaque revue, par la transformation des mots-clés des index anciens en concepts Pactols, par le biais de rapprochement des termes de ces index avec les concepts du thésaurus.
  3. La demande porte sur le contrôle des traductions pour les nouveaux concepts, l’ajout des traductions pour les concepts récemment insérés et non encore traduits.
  4. Le résultat sera l’harmonisation des index thématiques des revues concernées sur la plateforme Journals d’OpenEdition, permettant d’envisager selon les évolutions du système Lodel, une interrogation croisée des revues.
  5. Systématiser la publication de la version courte de l’article traduit pour tout article à paraître dans les revues partenaires.
  6. Afin d’homogénéiser les productions de revues partenaires, assurer la traduction des titres, sous-titres et résumés.
  7. Pour toutes les revues, prendre en compte la traduction des tables des matières.
  8. Envisager d’étendre aux revues partenaires qui le souhaitent la traduction des légendes : les illustrations sont nombreuses en archéologie et leurs légendes sont porteuses de sens. Dans la mesure où elles sont intégrées aux résumés longs qui seront traduits, il convient d’en assurer la traduction au titre de métadonnées.

L’objet précis de cette réponse à l’appel à projets était bien d’accroître la valorisation et la visibilité internationale de quatre revues par la traduction systématique de métadonnées essentielles. Le programme décrit ambitionne cependant de proposer un modèle transférable, susceptible d’être adopté par un plus grand nombre de revues d’archéologie françaises, nationales ou inter-régionales, pour peu qu’elles répondent ou adoptent les critères minimums retenus sur la diffusion et l’indexation de leurs contenus (Métopes, Pactols, OpenEdition Journals).

Environnement technologique

L’environnement technologique dans lequel se met en place cette harmonisation des pratiques éditoriales numériques est particulièrement favorable. En effet, depuis plusieurs années le pôle Document numérique de la MRSH de Caen met à la disposition des éditeurs publics la chaîne Métopes, outil intégré de production éditoriale exploitant le langage XML-TEI. Par ailleurs, la réorganisation du thésaurus pour l’archéologie Pactols, développé par la Fédération et ressources sur l’Antiquité (Frantiq), son ouverture à d’autres sphères que celles strictement orientées vers la documentation et les bibliothèques, ainsi que le développement de ses capacités d’interopérabilité, lui confèrent le potentiel nécessaire pour devenir le réservoir de métadonnées thématiques central pour l’archéologie.

La chaîne de production Métopes concerne le traitement éditorial des textes et leur enrichissement. Sa mise en œuvre s’adapte à tous les environnements informatiques : elle utilise un traitement de texte et un éditeur XML, un jeu de styles et de balises ainsi que des scripts prédéfinis et installés sur le poste informatique de l’éditeur. La prise en main est assurée par les équipes de Numédif (Numérique pour l’édition et la diffusion de la production scientifique) au cours de formations et par le biais d’une assistance à distance. La chaîne Métopes est basée sur le système du Single Source Publishing, qui permet, à partir d’un fichier-pivot en XML-TEI, de produire plusieurs types de supports éditoriaux pour le papier et/ou pour l’électronique. Le manuscrit de l’auteur est stylé avec le traitement de texte puis transformé en fichier XML et enrichi de métadonnées. Le langage XML et la bibliothèque d’encodage TEI, largement exploités par les acteurs de l’édition, permettent l’interopérabilité de Métopes avec les plateformes de diffusion déjà en place : grâce aux interconnexions réalisées avec Cairn ou OpenEdition, le fichier pivot s’exporte aisément dans les systèmes de l’un ou de l’autre. De plus, les fichiers sources, textes et illustrations, dans leurs différents formats de transformation et de qualités de définition, sont conservés par la revue, qui demeure ainsi titulaire de son fonds éditorial.

Numédif s’est lancé dans des expérimentations et des adaptations spécifiques à l’archéologie, qui ont été des éléments déclencheurs de l’adoption de la chaîne Métopes par la revue Archéologie médiévale. Tout d’abord, à la demande et en collaboration avec notre revue et AdlFI, un nouveau modèle d’objet éditorial propre aux notices archéologiques a été créé, nous y reviendrons dans la partie 4.1.

Ensuite, en utilisant les développements du logiciel de gestion de thésaurus Opentheso, la mise en place dans l’interface Métopes d’une liaison dynamique avec le thésaurus Pactols a facilité l’ajout de métadonnées thématiques, géographiques et chronologiques spécialisées pour l’archéologie. Nous pouvons désormais puiser directement dans ce réservoir les concepts utiles à l’indexation de leurs contenus, qu’il s’agisse d’articles ou de notices. Nous conservons ainsi un accès permanent à la dernière mise à jour du thésaurus (voir fig. 10). En rapatriant non seulement l’intitulé du concept, mais également son arborescence et son identifiant pérenne Ark, nous pouvons construire des index à plusieurs niveaux et conserver ainsi un lien avec le référentiel-source.

Screenshot

Très vite dans nos projets de mise en ligne, nous avons été confrontés à l’absence d’harmonisation de nos mots-clés, ce qui n’était pas sans poser de problème. En effet, l’harmonisation des mots-clés et la possibilité d’effectuer à terme des recherches sur toutes les revues supposent que les métadonnées thématiques proviennent d’une source unique, organisée et contrôlée.

Dans un premier temps, nous avons pensé créer un index propre à Archéologie médiévale de façon à nous approcher au plus près de nos besoins. Mais il aurait alors été difficile de le mettre en relation avec d’autres index qui n’utilisaient pas les mêmes termes ou d’autres acceptions de ceux-ci.

Nous avons ensuite pensé au thésaurus Patriarche du ministère de la Culture, qui est utilisé à l’intérieur de la base de données alimentant la carte archéologique de la France. Il s’agit d’un thésaurus très complet avec une hiérarchie pertinente du point de vue scientifique. Néanmoins, il n’était pas adaptable à nos besoins particuliers et il semblait difficile de l’utiliser pour travailler avec d’autres structures qui n’y ont pas accès, en dehors des instances du ministère de la Culture.

Le thésaurus Pactols (https://pactols.frantiq.fr/opentheso/) a donc été choisi pour de multiples raisons, notamment, son adéquation aux contenus scientifiques des revues et sa capacité à évoluer. Élaboré pour permettre l’indexation des publications scientifiques signalées au catalogue collectif de Frantiq, il couvre tous les domaines de l’archéologie de la Préhistoire à nos jours. Il est multilingue et enrichi en permanence de façon collaborative. Sa normalisation, la citabilité de ses concepts et sa gestion avec le logiciel libre Opentheso le rendent interopérable.

La volonté affirmée de Frantiq de porter le thésaurus sur le web et de l’ouvrir plus largement à d’autres usages que l’indexation classique de la littérature scientifique, a conduit à initier un projet de réorganisation du thésaurus qui doit consolider sa structure et favoriser son appropriation par la communauté scientifique. C’est dans ce cadre que Frantiq accompagne les nouveaux utilisateurs de Pactols, en particulier les éditeurs, pour les sensibiliser aux techniques documentaires de l’indexation et pour participer de façon collaborative à son alimentation et à son enrichissement. Un travail a ensuite été conduit sur le contenu lexical du thésaurus, afin de le rapprocher au plus près du vocabulaire utilisé par le chercheur. Il porte essentiellement sur des enrichissements, par intégration de vocabulaires spécialisés qui complètent certains domaines peu développés du thésaurus, par l’apport de définitions plus précises et par l’ajout de traductions des termes.

Ainsi, plus de 300 termes issus de la revue Archéologie médiévale ont été examinés et alignés sur le thésaurus, conduisant à la création de 75 termes et à l’enrichissement d’une centaine de concepts existant (traductions, définitions), avec comme corollaire la modification de certaines hiérarchies. Un travail similaire est en cours pour la revue Gallia – Archéologie des Gaules et pour AdlFI, qui disposent d’index aux contenus très proches. À la demande de nos revues et pour les besoins spécifiques de l’indexation des notices archéologiques concernant l’espace français, Pactols a étoffé sa liste de lieux. Le fichier des régions et des communes de France a été fourni par l’Institut de l’information scientifique et technique du CNRS (Inist), dans le cadre d’une opération plus vaste de Frantiq pour l’alignement du micro-thésaurus « Lieux » avec Géonames. Ce sont ainsi plus de 38 000 entrées géographiques qui ont été versées dans Pactols en 2018, enrichies d’alignements avec plusieurs référentiels nationaux et internationaux, de géolocalisation, de notes diverses, qui remplacent ou complètent les concepts déjà présents. Les besoins des revues sont ainsi couverts et cet enrichissement profite aussi aux autres utilisateurs du thésaurus.

Par ailleurs, le paramétrage de Métopes va nous permettre de récupérer dans les métadonnées thématiques toutes les informations correspondant aux concepts Pactols choisis : intitulé, arborescence, enrichissements, identifiant pérenne. L’utilisation qui est faite de ces données dépend ensuite des capacités des plateformes à les intégrer. Dans un premier temps, ces données ne seront pas toutes exploitées par la mise en ligne sur OpenEdition. À moyen terme, nous espérons les exploiter dans leur entier, soit dans une base de données, soit sur une plateforme archéologique dédiée (voir infra 4.4.). L’exploitation du potentiel offert par les identifiants pérennes pour faciliter l’interconnexion des revues aux autres systèmes utilisant les Pactols, permettrait a minima l’interrogation inter-revues. L’étude de faisabilité menée avec les équipes d’OpenEdition durant l’été 2017 a malheureusement montré les contraintes liées à la plateforme de diffusion : si les maquettes de sites ont pu être adaptées à un nouveau style d’affichage, comme cela a été fait pour les notices archéologiques, les évolutions nécessaires du logiciel Lodel ne pouvaient répondre à ces attentes. Début 2019, la prise en compte de ces besoins par OpenEdition a donc abouti à la présentation d’une version rénovée de son moteur de recherche autorisant un périmètre de recherche élargi, sans qu’il s’appuie encore sur des vocabulaires liés.

La revue Archéologie médiévale et le projet Archéomed

Comme nous avons pu le voir précédemment, à la demande et en collaboration avec Archéologie médiévale et AdlFI, un nouveau modèle d’objet éditorial propre aux notices archéologiques a été créé, décrivant de façon synthétique les résultats d’opérations de terrain qui y sont publiés. Les notices présentent l’information selon une organisation systématique qui facilite le paramétrage d’une structure de données adaptée : intitulé de l’opération, date, site archéologique, institutions responsables de la fouille, périodes historiques, responsable d’opération, etc. (voir ci-dessous). Pour ce faire, Numédif a créé un modèle de style propre aux notices archéologiques. Le partenariat avec OpenEdition a parallèlement permis d’ajouter cette « notice archéologique » aux types d’objets éditoriaux reconnus par leur logiciel d’édition électronique Lodel.

Les 26 métadonnées descriptives mises au point par la revue Archéologie médiévale sont les suivantes :

Exemple de stylage d’une notice archéologique.
En couleur, les différentes métadonnées stylées en vue de leur passage en XML-TEI
Extrait du document pivot en XML-TEI généré par la chaîne Métopes

Depuis 2018, lors des demandes de notices auprès des responsables d’opération, nous avons mis en place un formulaire sur le site internet de la revue (voir fig. 1). Ce formulaire nous permet de collecter un certain nombre de métadonnées directement dans le corps de la notice. Ainsi, les rédacteurs n’ont pas la possibilité d’omettre des informations rendues obligatoires par le formulaire. La notice nous arrive ensuite par courriel dans une forme proche de la version papier (voir infra, 1.3.). Les premiers retours sont très concluants. Les responsables d’opération jouent dans leur grande majorité le jeu et la plupart vont même jusqu’à consulter le thésaurus Pactols afin de remplir certains champs.

Ce modèle pourrait parfaitement être adapté à une évolution des Bilans scientifiques régionaux des services archéologiques. Par ailleurs, deux Écoles françaises (Rome et Athènes) sont très intéressées par l’utilisation de ce modèle de notices pour leurs revues.

L’indexation des notices archéologiques représente une grande part du travail à effectuer sur le projet Archéomed et constitue la part financière la plus importante de ce présent dossier.

En effet, l’enjeu ici est des plus stratégiques. Il s’agit pour nous de renseigner sur l’ensemble de ce patrimoine documentaire que sont les notices de la revue Archéologie médiévale les métadonnées associées.

Création d’une commission indexation

Pour faciliter notre travail et assurer le caractère scientifique de cette indexation, nous avons choisi de créer une commission regroupant des spécialistes de l’archéologie et de la documentation. Cette commission est composée de l’équipe éditoriale de la revue, d’archéologues du Craham et d’une documentaliste du service régional de l’archéologie de Normandie (Anne Ropars), qui dispose d’une expertise précieuse pour ce projet. Cette commission a d’abord été consultée dans la phase de réflexion puis de création des termes Pactols. Elle sera consultée dès qu’un problème d’indexation se posera dans le futur.

Procédure d’indexation

Pour que le travail d’indexation soit intégré à notre chaîne de travail, nous avons mis en place une « procédure d’indexation » en nous basant sur l’indexation du numéro 47, qui a servi de « numéro test ».

Cette procédure suppose plusieurs étapes de lecture, d’indexation et de correction par différentes personnes. En effet, le travail d’indexation est un travail complexe qui nécessite une certaine connaissance du domaine et une bonne maîtrise du thésaurus. D’autre part, le format court de ces notices implique souvent une part de non-dit qui oblige à restituer des mots-clés absents du texte. Chaque notice doit donc être lue et comprise afin de déterminer, à l’aide du thésaurus, les termes (inclus ou non dans le texte) les plus pertinents dans le contexte.

Outil d’indexation

Jusqu’à maintenant, ce travail d’indexation a été réalisé via un tableur, sans pouvoir être intégré aux fichiers XML. Cependant, depuis le mois de juin dernier, nous avons commencé à tester les outils d’indexation dédiés. Ces outils sont le fruit de plusieurs réunions et discussions entre l’équipe de la revue, le pôle Document numérique, OpenEdition Journals ainsi que l’équipe d’ADLFI. Les équipes du pôle Document numérique et d’OpenEdition Journals ont travaillé en étroite collaboration, tout en prenant en compte nos besoins, afin de réaliser dans un premier temps un outil d’indexation qui puisse être intégré à l’interface de XML Mind, l’éditeur XML que nous utilisons, et dans un second temps de permettre le bon traitement par la plateforme OpenEdition Journals des documents une fois ceux-ci indexés.

Nous avons donc testé les outils sur la première partie de la chronique du numéro 49 d’Archéologie médiévale, qui paraîtra en 2019.

Ce travail long et fastidieux nous permettra d’enrichir petit à petit l’ensemble de nos fichiers XML et d’accroître l’intérêt du fonds documentaire.

Intégration à OpenEdition

Comme on peut le voir sur la revue en ligne, notre travail d’indexation est présenté sur la plateforme comme un index « à plat ». Nous perdons donc une partie de la richesse documentaire d’un thésaurus hiérarchisé. Cependant, ce travail sur OpenEdition Journals n’est qu’une partie de la valorisation des notices. C’est pourquoi, même si la plateforme ne récupère pas toutes les métadonnées insérées dans les fichiers XML, nous continuons à construire des fichiers plus riches en données pour une utilisation ultérieure.

 Index « à plat » généré par OpenEdition Journals
à partir des fichiers XML indexés avec Pactols

Valorisation des revues archéologiques

L’enjeu de ce travail d’édition et de documentation de longue haleine vise à valoriser un fonds exceptionnel pour l’archéologie française. La partie visible dans un premier temps sur OpenEdition Journals est comme nous venons de le voir, appauvrie. Notre ambition est toute autre.

Lorsque l’ensemble des numéros aura été indexé et augmenté de nombreuses métadonnées, notre projet est de poursuivre la valorisation de ce fonds en proposant un outil de recherche en open access et interopérable avec toutes les bases du domaine. L’objectif serait de réunir l’ensemble des numéros de la revue (ceux disponibles sur OpenEdition Journals ainsi que ceux de Persée).

En partant du principe que tous les documents seront disponibles au format XML-TEI et enrichis par de nombreuses entrées d’index et autres métadonnées, cet outil permettra aux chercheurs d’avoir accès à plus de 50 ans de données de fouilles via des outils de recherche avancée et de consultation spécifiques au domaine.